Les observateurs du marché s’en tiennent souvent à des généralités à propos des fonds de couverture. Ces derniers partagent certes des caractéristiques communes, mais ils emploient également un éventail varié de stratégies, ce qui peut les rendre remarquablement distincts les uns des autres. Cette diversité est fascinante, mais il est essentiel que les investisseurs la comprennent bien. Dans le présent article, nous nous penchons sur sept des stratégies les plus courantes pour vous donner un bon aperçu du domaine.
Pour aider les investisseurs à comprendre comment investir dans ces produits, le secteur des fonds de couverture a créé trois grandes catégories qui regroupent la plupart des stratégies.
Les stratégies de valeur relative combinent généralement des positions longues et à découvert sur des titres fortement corrélés en partant du principe que l’un est relativement bon marché par rapport à l’autre, et en supposant que la convergence vers leur « véritable » valeur fondamentale va produire un bénéfice net.
Les stratégies axées sur les événements visent à tirer parti d’un événement particulier, ce qui peut donner lieu à une mauvaise évaluation des titres. Ces événements incluent les offres de fusion et les difficultés financières.
Enfin, les stratégies directionnelles prennent des paris sur l’appréciation ou la dépréciation des actions, des obligations, des devises, des cryptoactifs et/ou des matières premières.
Une première stratégie de valeur relative est l’arbitrage convertible. Une obligation convertible est une obligation d’entreprise qui permet aux détenteurs de convertir leurs obligations en actions de la société à un ratio fixe par rapport à leur valeur nominale. Par exemple, une obligation convertible peut offrir une option de conversion en dix actions pour chaque tranche de 1 000 $ de la valeur nominale de l’obligation. Dans ce scénario, la conversion pourrait être rentable si le prix de l’action dépasse 100 $. Un fonds de couverture d’arbitrage convertible essaiera généralement de tirer parti du fait que l’obligation est « bon marché » par rapport à l’action en achetant la première et en vendant à découvert la seconde.
Une autre stratégie est l’arbitrage à revenu fixe. L’une des versions est l’arbitrage de la courbe de rendement, qui consiste à acheter et à vendre simultanément deux obligations d’État à échéances différentes, en espérant que les prix finiront par se réaligner et par générer un bénéfice net. Il y a aussi l’arbitrage de crédit, par exemple, l’acquisition d’obligations d’entreprise sous-évaluées et la vente à découvert d’obligations surévaluées d’entreprises du même secteur, voire du même émetteur. Le fonds de couverture d’arbitrage à revenu fixe le plus célèbre est Long Term Capital Management, qui, après avoir généré des rendements de 43 % en 1995, 41 % en 1996 et 21 % en 1997, s’est effondré en 1998 à la suite d’un pari désastreux à effet de levier sur la dette russe.
Cependant, la stratégie de valeur relative par excellence est le portefeuille neutre par rapport au marché des actions. Une façon courante de mettre en œuvre cette stratégie consiste à sélectionner des actions sous-évaluées et à vendre à découvert des contrats à terme sur indices boursiers pour compenser le bêta du portefeuille. En théorie, un tel portefeuille sera insensible aux fluctuations du marché boursier, ne laissant en réserve que la valeur ajoutée issue de la sélection habile des actions par le gestionnaire. En pratique, toutefois, un quart des fonds neutres par rapport au marché présentent un risque de marché important.
Les stratégies d’arbitrage de fusion exploitent les opportunités offertes par les actions des sociétés engagées dans une fusion ou acquisition. Lorsqu’une entreprise fait une offre publique d’achat pour en acquérir une autre à un prix fixe, elle propose généralement une prime au-delà du prix courant de l’action. Bien entendu, après l’annonce d’une telle offre, l’action de la société cible s’apprécie généralement, mais pas au point d’égaler le prix offert. Les fonds d’arbitrage de fusion prennent généralement une position longue sur les actions de la société cible après l’annonce de l’offre publique d’achat. Le fonds réalisera un bénéfice si l’acquisition est consommée. Cependant, dans le meilleur des cas, l’acquéreur potentiel ou un autre prétendant (souvent qualifié de « chevalier blanc ») augmentera son offre pour convaincre les actionnaires réticents de la société cible d’approuver la transaction, ce qui entraînera un bénéfice considérable pour le fonds de couverture. Cette stratégie n’est toutefois pas sans risque. Si les actionnaires rejettent l’offre et que personne d’autre ne se présente avec une offre plus élevée, l’action de la société cible peut retomber au niveau où elle était avant l’offre publique d’achat, avec de lourdes pertes pour le fonds d’arbitrage de fusion.
Les fonds de dette en difficulté, parfois appelés fonds vautours, investissent dans les obligations d’entreprises en difficulté financière. Une telle situation oblige souvent les créanciers à négocier une restructuration complexe, ce qui exige des compétences spécialisées que la plupart des investisseurs en obligations ne possèdent pas. Lorsque les investisseurs réguliers vendent leur position, la société émettrice est généralement dans une situation si mauvaise que la demande pour ses obligations est très faible. Les fonds de dette en difficulté se spécialisent dans l’acquisition de ces titres à prix cassés, puis s’engagent dans des procédures de restructuration ou de faillite pour extraire le plus de valeur possible de leurs avoirs. Comme ils ont acheté les obligations à un prix très bas, ils n’ont pas besoin de récupérer leur valeur nominale pour réaliser un joli bénéfice. Bien entendu, les négociations peuvent également tourner au vinaigre pour le fonds de dette en difficulté, entraînant de lourdes pertes.
Les fonds d’actions long/short adoptent une position similaire à une stratégie neutre sur le marché des actions, sauf qu’ils n’ont pas pour objectif de neutraliser le bêta du portefeuille. Ils achètent simplement des actions dont ils prévoient l’appréciation et vendent à découvert des actions pour lesquelles ils prévoient une perte de valeur pour réaliser un bénéfice. Les fonds de couverture long/short ont probablement été impliqués des deux côtés de la frénésie GameStop de 2021.
En se basant sur un scénario macroéconomique, les fonds macroéconomiques mondiaux parient sur les actions, les taux d’intérêt, les devises, les cryptoactifs et les matières premières. Par exemple, si le gestionnaire estime que la Réserve fédérale américaine va relever ses taux d’intérêt, il peut prendre une position à découvert sur les contrats à terme sur taux d’intérêt. Dans une célèbre opération de fonds de couverture, le gestionnaire George Soros a gagné plus d’un milliard de dollars sur une position à découvert massive sur la livre sterling en 1992 lorsqu’il a prédit à juste titre que le Royaume-Uni dévaluerait sa monnaie. Soros a été surnommé à l’époque « l’homme qui a fait tomber la Banque d’Angleterre ».
Si les stratégies des fonds de couverture peuvent être complexes, leur structure tarifaire n’est généralement pas simple. Les frais surdimensionés étant une caractéristique inévitable des fonds de couverture, il existe une grande différence entre le montant des bénéfices qu’ils génèrent et ce que l’investisseur gagnera au final. Notre prochain article se penchera en profondeur sur les frais exigés par les fonds de couverture.