Août 13, 2024

Que doit-on espérer des rendements espérés?

Depuis de nombreuses années, PWL publie un rapport sur les hypothèses de planification financière, qui comprend nos estimations des rendements espérés des différentes catégories d’actifs. Ce rapport est conçu pour aider les conseillers à guider leurs clients dans l’élaboration de projections de planification financière à long terme.

On nous pose souvent deux questions fondamentales sur ces estimations des rendements espérés : à quoi devons-nous nous attendre à l’avenir et pourquoi ces estimations sont-elles raisonnables? Cet article répond à ces deux questions.

Nous passerons en revue les rendements espérés les plus récents de PWL pour les différentes classes d’actifs. Nous nous concentrons sur les rendements réels, qui indiquent la rapidité avec laquelle les investisseurs peuvent accroître leur patrimoine, après soustraction de l’inflation. Ces données permettent de déterminer le montant que les investisseurs en phase d’accumulation doivent épargner pour atteindre leurs objectifs financiers et le rythme auquel les retraités peuvent effectuer des retraits de leur portefeuille. Notre horizon temporel est de 30 ans et nous supposons que les investisseurs détiennent un portefeuille largement diversifié d’actions et d’obligations dans le but de fournir de l’argent pour une consommation future. Les frais de gestion et autres coûts d’investissement ne sont pas déduits de nos estimations.

PWL et ses pairs

Les estimations du rendement réel espéré de PWL et de plusieurs autres sources sont présentées dans le tableau 1. Ces sources fondent leurs estimations sur des hypothèses différentes de celles de PWL. Ces hypothèses sont décrites dans l’annexe. Bien que ces différences soient importantes, nous pensons que la comparaison reste informative.

Tableau 1 – Rendements réels espérés de PWL et de ses pairs
PWL FP Canada BlackRock AQR Capital Management Vanguard
Obligations canadiennes 1,7 % 1,3 % 1,2 % s. o. s. o.
Actions canadiennes 4,8 % 4,3 % 2,5 % s. o. s. o.
Actions américaines 4,2 % s. o. 3,2 % 3,8 % 3,2 %
Actions internationales 5,2 % s. o. 4,6 % 4,4 % 6,1 %
Actions mondiales 4,6 % 4,6 % 3,7 % 4,2 % 4,5 %

Les actions internationales incluent tous les marchés développés et émergents, à l’exception du Canada et des États-Unis.
Les actions mondiales incluent tous les marchés développés et émergents.
Le rendement espéré de FP Canada pour les actions mondiales est calculé selon une moyenne pondérée des actions internationales des pays développés et des pays émergents.
Sources : PWL Capital, FP Canada, BlackRock, AQR, Vanguard, et Ken French

Les estimations de rendement espéré de PWL sont plus élevées que celles de ses pairs pour la plupart des catégories d’actifs. Notre estimation est supérieure de 0,4 % à 0,5 % pour les obligations canadiennes. Nos estimations sont également plus élevées que celles de nos pairs pour les actions canadiennes et américaines, et notre estimation pour les actions internationales se situe dans la moyenne. Enfin, notre estimation pour les actions mondiales est proche de celles de FP Canada et de Vanguard. AQR et BlackRock sont moins optimistes, avec des rendements espérés de 4,2 % et de 3,7 % respectivement.

Les estimations de rendement espéré sont-elles précises?

Les rendements espérés ont une marge d’erreur importante, même sur un horizon de 30 ans. Les données de Dimson, Marsh et Staunton (DMS) montrent que les rendements réels sur 30 ans des actions mondiales ont un écart type de 1,7 % depuis 1900. En d’autres termes, dans les scénarios les plus probables, les actions mondiales rapporteront entre 2,8 % et 6,2 % sur 30 ans. Cependant, dans des scénarios extrêmes (peu probables, mais possibles), les rendements pourraient être inférieurs à 1 % ou supérieurs à 8 %.

Rendements espérés par rapport aux rendements historiques

Le tableau 2 présente les estimations de rendement réel espéré de PWL par rapport aux rendements historiques des 30 dernières années. À l’exception des actions internationales, les rendements espérés sont globalement inférieurs aux chiffres historiques. Les rendements espérés inférieurs des obligations sont justifiés par la baisse du taux de rendement à l’échéance du marché obligataire canadien, qui est passé d’environ 6 % au début de 1994 à 4 % actuellement. Alors que le ratio cours/bénéfice ajusté cycliquement (ou ratio « CAPE ») des actions canadiennes est le même qu’il y a 30 ans, soit 22, le CAPE américain a augmenté de 23 à 34, le CAPE européen a augmenté modérément de 19 à 21 et le CAPE japonais a plongé, passant de 39 à 25 (source : Barclays). Dans l’ensemble, les taux obligataires sont bien inférieurs à ceux de 1994, et les actions mondiales (principalement les actions américaines) sont plus chères qu’il y a 30 ans. Par conséquent, les investisseurs doivent s’attendre à des rendements inférieurs à l’avenir.

Tableau 2 – Comparaison entre les rendements réels espérés et historiques
Rendements espérés de PWL

2024-2053

Rendements historiques

1994-2023

Rendements espérés moins rendements historiques
Obligations canadiennes 1,7 % 3,1 % -1,4 %
Actions canadiennes 4,8 % 6,0 % -1,2 %
Actions américaines 4,2 % 8,0 % -3,8 %
Actions internationales 5,2 % 3,5 % +1,7 %
Actions mondiales 4,6 % 5,7 % -1,2 %

Sources : DFA Web, Statistique Canada

Évolution des rendements espérés de PWL au cours des dernières années

Le tableau 3 résume les rendements réels espérés de PWL depuis que nous avons commencé à publier des estimations il y a dix ans. Tout d’abord, nous observons une forte baisse du rendement espéré des obligations canadiennes de 2019 à 2021, suivie d’un rebond en 2024. Ce comportement correspond à l’effondrement des taux obligataires pendant la crise de la COVID-19 et à leur remontée ultérieure lorsque les banques centrales ont augmenté les taux d’intérêt pour enrayer la résurgence de l’inflation.

Tout aussi important, notre rendement espéré pour les actions mondiales a considérablement diminué depuis 2014, passant de 5,2 % à 4,5 %. Cette estimation plus faible s’explique principalement par des changements de méthodologie, bien que la hausse des prix des actions joue probablement un rôle secondaire.

Tableau 3 – Rendements réels espérés de PWL 2014-2024
2014 2016 2019 2021 2024
Obligations canadiennes 1,7 % 1,5 % 1,5 % 0,2 % 1,7 %
Actions canadiennes 5,4 % 4,9 % 4,8 % 4,2 % 4,8 %
Actions américaines 4,6 % 4,5 % 4,2 % 4,0 % 4,2 %
Actions internationales 5,5 % 5,4 % 5,1 % 4,7 % 5,2 %
Actions mondiales 5,2 % 5,2 % 4,9 % 4,3 % 4,6 %

Avant 2021, nos estimations pour les actions internationales n’incluaient pas les marchés émergents.
Source : PWL Capital

Rendements espérés pour diverses répartitions d’actifs

Le tableau 4 illustre les rendements réels espérés et les valeurs composées selon PWL pour les combinaisons d’actifs les plus courantes d’actions mondiales et d’obligations canadiennes. Une augmentation de 20 % de la pondération en actions d’un portefeuille augmente son rendement espéré de 0,5 % à 0,6 %. Selon la combinaison d’actifs, un dollar investi sur 30 ans pourrait plus que doubler (2,36 $), voire presque quadrupler (3,85 $) son pouvoir d’achat réel. Cela suppose que l’investisseur demeure discipliné, maintient une répartition d’actifs constante et ne négocie pas activement, car la négociation active a pour effet de réduire le rendement.

Tableau 4 – Rendements réels espérés pour différentes répartitions de l’actif de PWL
Répartition de l’actif (Actions/obligations) Type de portefeuille Rendement espéré Valeur réelle d’un dollar investi pendant 30 ans
40/60 Conservateur 2,9 % 2,36 $
60/40 Équilibré 3,5 % 2,81 $
80/20 Dynamique 4,0 % 3,24 $
100/0 Très dynamique 4,6 % 3,85 $

Source : PWL Capital

Les illusions financières : pourquoi les rendements espérés semblent-ils si faibles?

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi les investisseurs perçoivent souvent les rendements boursiers espérés comme étant plus élevés qu’ils ne le sont en réalité. Prenons comme exemple la performance de l’indice des actions mondiales, calculé en dollars canadiens, pour la période de 1970 à 2023.

Tout d’abord, les rendements composés sont toujours inférieurs aux rendements moyens. L’indice a rapporté en moyenne 11,3 % par an pour la période, mais le rendement composé n’a été que de 10,1 %. Cela s’explique par le fait que les rendements annuels négatifs ont plus d’impact sur la richesse que les rendements positifs. Les rendements composés sont ce qui importe le plus aux investisseurs, car ils reflètent l’effet de composition de la richesse.

Deuxièmement, les investisseurs ne consomment pas des rendements nominaux, mais des rendements réels. Étant donné que le pouvoir d’achat d’un dollar diminue au fil du temps, les rendements nominaux surestiment largement la valeur créée par l’indice. De 1970 à 2023, l’inflation a été de 3,9 %, de sorte que le rendement composé réel de l’indice boursier mondial est de seulement 6,2 % (10,1 % − 3,9 % = 6,2 %).

Troisièmement, les rendements annuels sont volatils. Les barres de la figure 1 ci-dessous représentent les rendements annuels de l’indice boursier mondial, tandis que la ligne droite représente le rendement composé sur 54 ans. Notez que les rendements annuels sont souvent éloignés du résultat à long terme, ce qui rend difficile l’estimation du rendement à long terme.

Figure 1 – Rendements nominaux des actions mondiales 1970-2023
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Source : DFA

Quatrièmement, les rendements ont été relativement élevés au cours des 54 dernières années, avec un rendement composé réel des actions mondiales de 6,2 %, soit nettement plus que le rendement de seulement 5,2 % enregistré depuis 1900, selon Dimson Marsh et Staunton.

Enfin, l’attention des médias est focalisée sur les excellents résultats du marché américain ces derniers temps. La plupart des autres marchés boursiers ont enregistré des rendements inférieurs. Il faut donc être prudent et ne pas baser ses attentes de rendement seulement sur les marchés les plus performants, car les rendements futurs des marchés mondiaux sont déterminés par la combinaison des marchés de tous les pays, y compris ceux qui sous-performent.

Points à retenir pour les investisseurs

À mon avis, les rendements futurs seront probablement modestes. La plupart des investisseurs devraient s’attendre à des rendements réels à long terme oscillant entre 3 % et 4 %, selon leur répartition d’actifs, avant frais et impôts.

PWL n’est pas pessimiste. Nos estimations de rendements espérés sont plus élevées que celles publiées par d’autres organisations crédibles. De plus, il existe de bonnes raisons de croire que les rendements futurs seront inférieurs à ceux du passé. Cela dit, malgré des rendements espérés modestes, l’effet des rendements composés à long terme fonctionnera comme prévu. Sur 30 ans, les rendements des placements permettent de multiplier le pouvoir d’achat du capital par un facteur de deux ou trois, selon la répartition d’actifs de l’investisseur, sa discipline et la maîtrise des coûts.

Les frais comptent. Un portefeuille classique composé de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations offre un rendement réel espéré de 3,5 % avant frais. Les 2 % et plus facturés habituellement par les sociétés de fonds communs de placement engloutissent plus de la moitié de votre rendement réel. En théorie, les gestionnaires actifs compensent largement ces frais en surpassant le rendement du marché; en pratique, ils ne parviennent pas à surperformer et, dans la plupart des cas, les frais élevés ne font que réduire les rendements des investisseurs.

Enfin, les rendements espérés ne sont pas des prédictions. Nous reconnaissons une marge d’erreur importante dans nos estimations. Il est primordial de réviser régulièrement votre plan financier et d’ajuster votre stratégie d’épargne ou de retrait si les rendements réalisés sont anormalement élevés ou faibles.

Sources de données sur les rendements espérés

AQR – 2023 Capital Market Assumptions for Major Asset Classes
BlackRock – Capital Market Assumptions
FP Canada – Normes-hypotheses-projection-2023
PWL Capital – Hypothèses de planification financière (portefeuille pondéré selon la capitalisation boursière)
Vanguard economic and market outlook for 2024: A return to sound money

Annexe : Différences dans les hypothèses de rendement espéré

Date d’évaluation Horizon temporel Devise Inflation projetée
PWL 30/06/2024 30 ans CAD 2,5 %
FP Canada 31/12/2023 10 ans + CAD 2,1 %
BlackRock 03/03/2024 20 ans CAD 2,7 % (5 ans)
AQR Capital 31/12/2023 5 à 10 ans USD s. o.
Vanguard 30/11/2023 10 ans USD 2 %

Sources : PWL Capital, FP Canada, BlackRock, Vanguard, AQR

À propos de l'auteur(e)
Raymond Kerzérho
Raymond Kerzérho

Raymond apporte à PWL ses trente années d’expérience en stratégie d’investissement et en gestion de portefeuille de titres à revenu fixe.

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