Dans le monde traditionnel de la finance, un point de vue très répandu est qu’il suffit de quelques actions – peut-être pas plus de vingt – pour bâtir un portefeuille adéquatement diversifié. À l’autre bout du spectre des opinions, la plupart des tenants de l’investissement fondé sur le marché – les professionnels de chez PWL, par exemple – affirment qu’il faut des milliers de titres pour atteindre une pleine diversification de portefeuille. Qui dit vrai? Un nouvel article issu de la recherche universitaire éclaire ce débat.
La mesure habituelle du risque en placement s’appelle l’écart-type. Cette mesure statistique évalue la variabilité des rendements à court terme (habituellement mensuels). Plus les rendements sont variables, plus ils sont incertains. L’étude classique de la diversification commence avec une seule action et ajoute des titres (choisis aléatoirement) un par un afin de voir à quel moment la pleine diminution du risque apportée par la diversification est atteinte. C’est de cette façon que de nombreux universitaires et praticiens de la finance en sont venus à conclure que quinze à vingt titres suffisent.
L’écart-type est devenu populaire dans le monde de la finance dans les années 1950. À l’époque, il s’agissait d’un merveilleux nouvel outil de mesure du risque. Au fil du temps, toutefois, certains événements tels que le krach boursier de 1987, la débâcle du fonds spéculatif Long Term Capital et la grande crise financière de 2008 ont mis au jour son talon d’Achille : il sous-estime gravement la fréquence des crises boursières. En plus, l’écart-type des rendements mensuels ne reflète aucunement l’effet du risque sur les rendements cumulatifs à long terme pour des périodes de dix, vingt ou trente ans. Malgré ces failles, de nombreux professionnels se fient entièrement sur cette mesure de risque car sa simplicité et sa commodité sont irrésistibles.
C’est ici qu’entrent en scène deux professeurs de finance. Dans leur nouvel article, Francis Tapon (Université de Guelph) et Vitali Alexeev (Université de Tasmanie) rapportent leurs découvertes à propos de la diversification des portefeuilles d’actions canadiennes. Les auteurs concluent que pour minimiser à la fois les risques reliés à la variabilité des rendements à court terme, celle des rendements cumulatifs à long terme et les pertes reliées aux crises boursières, il faut un portefeuille équipondéré de 70 titres.
À mon avis, la méthodologie proposée par Tapon et Alexeev est la bonne manière d’évaluer les bienfaits de la diversification. Si l’on considère qu’il faut 70 titres pour bâtir un solide portefeuille d’actions canadiennes et que le monde boursier inclut environ 50 pays, il est tombe sous le sens qu’un portefeuille mondial atteigne son plein potentiel lorsqu’il détient des milliers de titres.