Dans une récente vidéo, Bill McNabb (PDG) et Tim Buckley (directeur des placements) du Groupe Vanguard ont formulé un rare commentaire au sujet du multiple cours/bénéfices (C/B) des actions américaines.
Depuis la fin de la crise financière, les actions américaines ont connu l’un des plus grands marchés haussiers de leur histoire. En l’espace de six ans, elles ont produit un rendement cumulatif de 250 %, ce incluant les dividendes. Ce gain doit toutefois être placé en perspective : il s’est amorcé au plus profond d’un très grave marché baissier; beaucoup de ces gains ne sont en fait que le recouvrement des pertes subies en 2007-2008.
Néanmoins, McNabb et Buckley reconnaissent que les actions américaines se négocient présentement à des multiples C/B bien au-delà de la moyenne historique. Et puisque « les multiples C/B représentent l’indicateur-clé des rendements futurs », ils concluent que dans les dix prochaines années, le rendement des actions américaines sera en-deçà de la norme historique. Ils précisent toutefois que bien que les actions américaines soient chères, elles demeurent loin des niveaux observés lors des bulles spéculatives.
Je suis d’accord que les actions américaines sont modérément chères. À 26 fois les profits, elles sont loin des niveaux spéculatifs (multiple supérieur à 40) atteints au sommet de la bulle des technos, en 2000. Je suis également d’accord à l’effet que les rendements espérés et les multiples C/B fluctuent en sens opposés. Mais je crois qu’il est sage de s’abstenir de liquider les actions américaines à cause de leur cherté. Les multiples C/B expliquent environ 40% des fluctuations de la Bourse, ce qui laisse 60% attribuables aux facteurs aléatoires. Les multiples C/B n’ont aucune capacité de prédire les rendements boursiers en-deçà d’un horizon de dix à vingt ans. Vendre maintenant dans l’espoir de racheter moins cher dans quelques mois serait très mal avisé.
McNabb et Buckley ne sont pas les seuls experts à avoir souligné la cherté des actions américaines : cette dernière a été largement discutée dans les médias depuis des mois. La plupart de ces articles oublient cependant de mentionner, cependant, que d’autres marchés se négocient à des multiples C/B bien plus bas, comme en atteste le tableau ci-dessous.
Cette réflexion à propos des multiples C/B renforcent la légitimité de la diversification de portefeuille. Les États-Unis représentent environ la moitié de la valeur des marchés boursiers mondiaux. Par contre, ils ne représentent qu’un seul pays parmi les quarante-cinq marchés nationaux accessibles. En investissant non seulement dans les actions américaines, mais aussi dans les marchés canadien, internationaux développés et émergents, le risque que votre portefeuille se retrouve avec une concentration dans un marché cher, offrant un rendement espéré faible, est réduit au minimum. Grâce à la diversification internationale, votre portefeuille bénéficie d’un rendement espéré raisonnable, et ce sans devoir prédire l’avenir ou encore entrer et sortir activement du marché.