Dans le premier billet de cette série, nous avons examiné l’importante sous-performance des fonds communs de placement à gestion active, la migration des investisseurs particuliers vers les fonds passifs et les raisons pour lesquelles je recommande les fonds passifs en général. Ce billet abordera un aspect peu connu de l’investissement passif : les catégories de parts de fonds communs de placement.
Comprendre les différentes « catégories de parts » ou « séries » des fonds communs de placement est crucial pour les investisseurs canadiens. Chaque catégorie offre le même portefeuille, mais est accompagnée de niveaux de service, de structures de frais et de restrictions différents. Ces connaissances vous permettent de prendre des décisions éclairées concernant votre portefeuille.
La plupart des fonds communs de placement offrent plusieurs catégories de parts, généralement désignées par les lettres A, B, C, D, E, etc. Par exemple, le Fonds mondial de dividendes Mackenzie compte 20 catégories de parts![1] Cette abondance de catégories de parts est courante sur le marché canadien des fonds communs de placement et, pour ajouter à la confusion, il n’existe pas de normes sur le marché quant à la signification de ces lettres. Ainsi, « parts de catégorie B » peut signifier une chose pour une société de fonds communs de placement et autre chose pour une autre. Ce manque de clarté peut être déroutant. Cependant, pour prendre des décisions de portefeuille éclairées, il est essentiel non seulement de comparer les fonds communs de placement avec les FNB, mais également de saisir les nuances des différents types de catégories de parts de fonds communs de placement.
Les sociétés de fonds communs de placement créent des catégories de parts pour diverses raisons. Une raison courante est d’offrir différents régimes de rémunération aux conseillers et à leurs employeurs. Une autre consiste à s’adresser à des types d’investisseurs spécifiques, tels que les investisseurs autonomes. Les catégories de parts aident également les sociétés à cibler différents canaux de vente ou à effectuer des distributions régulières en espèces aux investisseurs. Comprendre ces motivations peut fournir des informations précieuses sur le fonctionnement du secteur des services financiers et vous amener à faire de meilleurs choix.
Il existe quatre principaux types de catégories de parts de fonds communs de placement. Voici une liste de ces catégories de parts, de la plus chère (et compliquée) à la moins chère (et la plus simple!).
Les catégories de parts « basées sur les commissions » sont le type le plus courant. Ces parts portent souvent un nom se terminant par « catégorie A » ou « série Conseiller », mais d’autres codes sont également fréquents. Ce type de catégories de parts est le plus cher, car les frais mensuels qui y sont rattachés permettent de payer non seulement les frais de gestion de portefeuille, d’administration et de marketing du fonds, mais également une « commission de suivi » versée à la société qui emploie le conseiller qui vous a vendu les parts. Cette commission peut varier, mais ce type de catégories de parts redirigera souvent au moins un pour cent des actifs par an vers la société de conseil sur environ deux pour cent par an ou plus de frais payés mensuellement par la catégorie de parts au gestionnaire du fonds. Mais ce n’est pas tout.
Certaines catégories de parts peuvent exiger, en plus des frais mensuels facturés au fonds commun de placement, une commission initiale (ce que l’on appelle aussi les « frais d’acquisition » dans le jargon du marketing des fonds) pouvant aller jusqu’à cinq pour cent au moment de l’achat. C’est la pire option pour les investisseurs : pour chaque 100 $ que vous investissez, seulement 95 $ travaillent pour vous. Les cinq dollars manquants sont versés à la société de conseil. Cette commission initiale s’appliquera également si vous cotisez systématiquement au fonds. Les parts avec frais d’acquisition sont rarement proposées aux investisseurs. Mais si un conseiller en investissement ou un employé de banque vous propose ce type de catégories de parts, mon conseil est de dire « non » et de chercher un autre conseiller. Les parts de fonds avec frais d’acquisition sont rarement dans le meilleur intérêt de l’investisseur. La plupart des fonds communs de placement sont proposés dans une catégories de parts sans commission à l’achat. Cette catégorie de parts peut être assortie de frais mensuels plus élevés que la catégories de parts avec frais d’acquisition, mais au moins, si vous n’êtes pas satisfait, vous pouvez disposer de vos parts sans pénalité si elles ne sont pas vendues peu de temps après leur achat.[2], [3]
Les catégories de parts « autogérées » s’adressent aux investisseurs désireux de se passer de conseils en placement en échange de frais mensuels inférieurs. Elles portent souvent un nom se terminant par « catégorie D » ou « catégorie E ». Étant donné que cette catégorie de parts ne verse que peu ou pas de commission de suivi, ses frais mensuels de gestion et d’administration sont généralement inférieurs d’environ la moitié à ceux de la catégorie correspondante basée sur les commissions. Les catégories autogérées de parts de fonds communs de placement peuvent être achetées auprès d’une société de courtage à escompte et parfois directement auprès de la société de fonds communs de placement.
Les catégories de parts « conseils à honoraires » sont comme les catégories de parts autogérées, sauf qu’elles doivent être acquises par l’intermédiaire d’un conseiller à honoraires. Elles portent souvent un nom se terminant par « catégorie F ». Étant donné que ces parts de fonds commun de placement ne paient aucune commission de suivi, le conseiller achètera ce type de catégorie de parts uniquement pour les clients ayant ouvert un compte à honoraires. Cela signifie que l’investisseur paiera des frais mensuels – un pourcentage des actifs sous gestion – directement à la société de conseil (N.B. : PWL Capital fonctionne avec le modèle de conseil financier à honoraires). Par conséquent, si vous faites affaire avec un conseiller financier dans le cadre d’un accord rémunéré à honoraires, vos coûts de placement comprendront les frais du conseiller et ceux des fonds commun de placement et/ou des FNB que vous détenez.
Les catégories de part « institutionnelles » constituent une sous-catégorie des parts « conseils à honoraires », avec des frais négociés inférieurs. Elles nécessitent un montant minimum d’investissement très élevé et s’adressent aux investisseurs institutionnels (comme les régimes de retraite) ou aux particuliers fortunés. La différence de frais entre les parts « conseils à honoraires» et les parts « institutionnelles » varie d’un fonds à l’autre et peut être modeste. Les noms des catégories de parts institutionnelles se terminent souvent par les lettres « I » ou « O », mais de nombreuses autres désignations existent. Dans de nombreux cas, cette catégorie de parts déclarera des frais nuls, car la société de fonds commun de placement facture ses frais directement à l’investisseur plutôt qu’au fonds. Les investisseurs disposant d’actifs considérables (généralement des millions de dollars) devraient demander s’ils peuvent accéder aux parts institutionnelles.
Les FNB se comparent mieux aux catégories de fonds communs de placement autogérées et basées sur des conseils à honoraire, car ils n’intègrent pas de rémunération pour des conseils.[4]
Même si de nombreux investisseurs estiment que les FNB passifs sont supérieurs à leurs équivalents en fonds communs de placement, les deux produits offrent des avantages que les investisseurs devraient prendre en considération.
Les FNB passifs facturent généralement des frais inférieurs à ceux de n’importe quelle catégorie de parts d’un fonds commun de placement passif comparable. Les FNB offrent également une plus grande variété de produits indiciels que les fonds communs de placement. Plusieurs familles de FNB proposent des FNB tout-en-un passifs, un produit moins fréquent dans le monde des fonds communs de placement. Les FNB peuvent être achetés et vendus auprès de certains courtiers à escompte en ligne avec des commissions de zéro dollar. Enfin, les informations sur les FNB sont bien plus accessibles que celles sur les fonds communs de placement. Dans la plupart des cas, trouver le produit que vous recherchez dans le monde des FNB est beaucoup plus facile que sur le marché des fonds communs de placement.
Les fonds communs de placement sont plus simples à négocier que les FNB. Lorsque vous achetez des parts de fonds commun de placement, vous n’avez pas besoin de calculer le nombre de parts à acheter, de déterminer un prix d’achat et d’attendre que les transactions soient exécutées. Il vous suffit de soumettre le montant que vous souhaitez investir et la transaction sera exécutée à la valeur liquidative des parts en fin de journée. Comme les FNB, les fonds communs de placement peuvent être achetés et vendus auprès de certains courtiers à escompte en ligne avec des commissions de zéro dollar. Enfin, contrairement à la plupart des FNB, les fonds communs de placement permettent des achats et retraits systématiques.[5]
À mon avis, les investisseurs n’ont pas vraiment à choisir entre les fonds communs de placement passifs et les FNB, mais plutôt entre quatre types de catégories de parts de fonds communs de placement et de FNB passifs, qui offrent plus d’options aux investisseurs mais rendent les décisions plus complexes. Dans le dernier article de cette série, je partagerai des conseils sur les meilleurs choix de produits d’investissement en fonction de la situation des investisseurs.
[1] Source : Prospectus simplifié des fonds communs Mackenzie, 2023.
[2] De nombreuses sociétés de fonds communs de placement facturent des « frais de négociation à court terme » d’environ 2 % pour décourager les investisseurs de négocier activement leurs parts de fonds. Ces frais s’appliquent aux investisseurs qui cèdent leurs parts peu de temps après leur achat. Chaque société de fonds commun de placement a sa propre politique concernant la période d’application des « frais de négociation à court terme ». Ces informations sont disponibles dans le document « Aperçu du fonds » et dans le prospectus.
[3] Jusqu’à récemment, les sociétés de fonds communs de placement étaient également autorisées à proposer des catégories de parts avec «frais de sortie », qui facturent une pénalité (appelée « frais de rachat » ou « frais d’acquisition reportés ») lorsque l’investisseur vend ses parts à l’intérieur d’un nombre d’années défini (généralement sept ans). Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont interdit la vente de parts de fonds communs de placement avec frais de rachat en 2022. Cependant, les parts avec frais de rachat existantes bénéficient de droits acquis.
[4] Quelques FNB sont disponibles sous forme de catégories basées sur des commissions, mais ce sont des exceptions.
[5] Quelques rares FNB permettent des contributions systématiques, notamment les FNB tout-en-un d’iShares.