Les sceptiques à l’égard des fonds de couverture soutiennent souvent que les frais élevés exigés par ces fonds représentent un obstacle à la performance trop important et empêchent donc les fonds de couvertures d’être des options d’investissement légitimes. En revanche, les partisans des fonds de couverture soutiennent qu’il existe de nombreuses compétences dans ce segment de la gestion de fonds, et que si vous payez des frais modiques, vous obtiendrez des résultats médiocres. Cet article traite des frais des fonds de couverture, de leur structure et de leur impact sur les rendements des portefeuilles.
Le premier élément de la rémunération des fonds de couverture, les frais de base, sont calculés en pourcentage de la valeur liquidative (VL). Alors que les fonds de couverture sont réputés facturer 2 %, des recherches ont montré que les frais de base moyens sont de 1,5 %, ce qui est une bonne nouvelle pour les investisseurs.
Les frais à la performance sont calculés en pourcentage de la valeur ajoutée par le gestionnaire. Les frais à la performance moyens s’élèvent à 19 %. Dans la plupart des cas, le calcul des frais à la performance est un processus en plusieurs étapes :
Enfin, des frais à la performance ne seront versés que si la VL du fonds dépasse sa high watermark, fixé d’abord à la valeur liquidative initiale, ajustée ensuite au niveau atteint à chaque versement des frais à la performance.
Pour illustrer le calcul des frais à la performance, supposons que ces derniers sont effectués à la fin de l’année. Les autres hypothèses sont décrites ci-dessous.
Calculs
Le calcul des frais des fonds de couverture implique plusieurs problèmes et zones d’incertitude.
Tout d’abord, comme indiqué ci-dessus, ces calculs peuvent être assez compliqués. Les investisseurs doivent comprendre la structure des frais d’un fonds de couverture dans les moindres détails avant d’investir. Même un fonds géré par un gestionnaire exceptionnel peut ne pas offrir de valeur ajoutée si la structure des frais est trop dispendieuse. Gardez ceci à l’esprit : vous ne pouvez pas payer votre épicerie avec des bénéfices avant frais! Une structure de frais qui semble acceptable à première vue peut ne pas être appropriée une fois que vous en examinez les détails. Par exemple, 1/3 des fonds de couverture n’ont pas de clause de high watermark, de sorte que les investisseurs peuvent se voir facturer des frais à la performance même lorsque le fonds perd de l’argent. Les frais peuvent être payables mensuellement ou trimestriellement plutôt qu’annuellement, ce qui soustrait encore plus aux rendements des investisseurs.
Un autre problème de calcul des frais se pose lorsqu’un fonds de couverture investit dans des actifs privés tout en conservant un pouvoir discrétionnaire sur leur valorisation. Le gestionnaire se trouve alors en conflit d’intérêts : plus les valorisations sont élevées, plus la valeur liquidative déclarée est élevée, ce qui augmente les rendements déclarés et les frais. Dans ce cas, le gestionnaire est à la fois juge et partie.
Ce problème peut également se produire lorsque le fonds investit uniquement sur les marchés publics. Certains chercheurs ont constaté que les fonds de couverture manipulent les cours des actions à des dates de publication critiques, bien que cette constatation ait été contestée par la suite.
Cependant, dans des cas réels, la valorisation des fonds de couverture constitue une véritable préoccupation. Par exemple, en 2017, Investissements PSP a réglé un différend avec le gestionnaire de fonds de couverture Saba Capital Management après que ce dernier aurait sous-évalué (selon les allégations de la poursuite) la valorisation de ses obligations illiquides pour frauder le gestionnaire de fonds de pension canadien. Plus récemment, le gestionnaire de fonds de couverture Two Sigma était sur le point de payer 100 millions de dollars d’amende après qu’un employé eut manipulé la valorisation de ses actifs pour augmenter sa rémunération.
Il existe de nombreux scénarios dans lesquels l’investisseur peut se voir facturer des frais à la performance alors qu’il perd ou gagne peu d’argent.
C’est le cas lorsqu’un fonds qui performe bien pendant un certain temps, et permet au gestionnaire d’empocher des frais à la performance, perd ensuite de l’argent au point de ne jamais récupérer ces pertes. Même si la valeur liquidative du fonds tombe ensuite en dessous de sa valeur initiale, les frais à la performance versés ne sont pas récupérables.
Comme mentionné précédemment, si un fonds ne dispose pas d’une clause de high watermark, les investisseurs peuvent se voir facturer des frais à la performance après une période de rendement positif, même s’il est toujours à perte pendant toute sa durée de vie.
Autre scénario : un investisseur détient plusieurs fonds de couverture, dont certains sont gagnants et d’autres, perdants. Alors que les fonds gagnants peuvent légitimement facturer des frais à la performance, les fonds perdants viennent réduire le total des bénéfices générés par le portefeuille de fonds de couverture dans son ensemble. En conséquence, l’investisseur pourrait payer un taux bien plus élevé que les frais à la performance contractuels. Une étude portant sur près de 6 000 fonds de couverture de 1995 à 2016 a révélé que, même si les frais à la performance moyens de ces fonds étaient de 19 %, les investisseurs payaient près de 50 % du bénéfice brut global des fonds.
L’investissement dans les fonds de couverture nécessite une étude plus approfondie des frais que la simple observation des pourcentages de frais de base et à la performance. La présence d’une clause de high watermark, un taux de rendement minimal substantiel et la manière dont le gestionnaire est rémunéré ainsi que la fréquence à laquelle il est rémunéré détermineront si les bons incitatifs sont en place pour que le fonds soit performant.
Notre prochain article traitera des compétences, des performances et de la persistance des gestionnaires de fonds de couverture.