Les fonds de couverture utilisent des stratégies sophistiquées et facturent des frais élevés et complexes pour livrer des résultats aux investisseurs. Les gestionnaires de fonds de couverture ont-ils les compétences nécessaires pour justifier ces frais élevés? Quelles sont leurs performances? Et les meilleurs sont-ils capables de répéter leurs exploits au fil du temps?
Bien que nous ayons trouvé des preuves mitigées selon lesquelles les gestionnaires de fonds de couverture ont généralement des compétences en investissement (c’est-à-dire que leurs résultats d’investissement ne sont pas beaucoup meilleurs que ce que l’on pourrait attendre de la simple chance), plusieurs études montrent que les meilleurs gestionnaires se démarquent.
Kosowski et al. (2007) ont constaté que la performance des meilleurs fonds de couverture ne peut pas s’expliquer par la chance. Chen et Liang (2009), examinant un échantillon de 227 fonds de couverture axés sur le « market timing » de 1994 à 2005, ont trouvé des preuves de compétences en market timing, en particulier pendant les marchés baissiers et les périodes de haute volatilité. Nohel et al. (2010) ont comparé les rendements des fonds communs de placement gérés par des gestionnaires qui gèrent également des fonds de couverture avec les rendements d’autres gestionnaires de fonds communs de placement, constatant que les premiers surpassaient considérablement les seconds. Plus récemment, Aiken et Kang (2023) ont constaté que les gestionnaires de fonds de couverture possèdent des compétences en matière de sélection de titres qui diminuent avec le temps, mais ne trouvent pas de preuves de compétences en market timing, tandis que Barth et al. (2023) ont constaté que les fonds de couverture non répertoriés dans les bases de données commerciales ont généré jusqu’à 600 milliards de dollars de valeur ajoutée – avant frais – de 2013 à 2019.
D’autres études ont identifié des caractéristiques qui peuvent aider à identifier les gestionnaires de fonds de couverture compétents. Agarwal et al. (2009) ont constaté que les fonds de couverture avec des incitatifs managériaux plus importants, des niveaux plus élevés de propriété managériale et l’inclusion de high watermark sont associés à une performance supérieure. Ils constatent également que les fonds avec un degré plus élevé de discrétion managériale, représenté par des périodes de blocage, de préavis et de rachat plus longues, offrent une performance supérieure. Sun et al. (2012) ont conçu un « indice de spécificité de stratégie ». Les fonds avec un indice plus élevé étaient associés à une meilleure performance ultérieure. Après ajustement du risque, les fonds du quintile ISS le plus élevé ont surpassé les fonds du quintile le plus bas de 3,5 % l’année suivante. Cao et Al. (2021) ont constaté que les fonds de couverture en démarrage lancés pendant les périodes de faible demande pour ce type de fonds ont surpassé ceux lancés pendant les périodes de forte demande.
Dans l’ensemble, les recherches ne suggèrent pas de performances impressionnantes de la part des fonds de couverture.
Ackermann et al. (2002) ont constaté que les fonds de couverture surperformaient systématiquement les fonds communs de placement, mais pas les indices de marché. Ils ont également constaté que les fonds de couverture étaient plus volatils que les fonds communs de placement. Kosowski et al. (2007) ont constaté que les fonds de couverture génèrent des alphas statistiquement insignifiants dans cinq des six catégories examinées : long/short, directionnel, multiprocessus, sélection de titres et fonds de fonds. Les auteurs mentionnent également que les résidus des fonds d’actions long/short sont négativement biaisés et que les fonds de valeur relative présentent une kurtosis élevée ou une fréquence supérieure à la normale de résultats extrêmes. En revanche, Newton et al. (2019), étudiant 5 500 fonds de couverture nord-américains suivant 11 stratégies différentes de 1995 à 2014, ont constaté que toutes les stratégies de fonds de couverture, sauf deux, surperformaient le marché en tant qu’investissements autonomes, bien que leur niveau de compétence de gestionnaire soit faible.
Sullivan (2021) a analysé la performance des fonds de couverture au cours de la période 1994-2019, en divisant ses données en deux sous-échantillons. De 1994 à 2008, il a trouvé un alpha de 3,4 % par an. Cependant, pour la période plus récente de 2009-2019, il a trouvé un alpha de -1 %. L’auteur conclut que la performance des fonds de couverture a pu diminuer au fil du temps en raison d’une exposition réduite au risque de gestion active. Deux autres études, Eksi et Kazemi (2022) et Amir-Ghassemi et al. (2022) ont confirmé la diminution de la performance des fonds de couverture depuis 2009. En revanche, Barth et al. (2023) ont affirmé que de 2013 à 2019, les fonds de couverture non répertoriés dans une base de données commerciale ont produit, en moyenne, des alphas positifs. Cependant, Swedroe (2024) a contesté cette affirmation, en faisant valoir que si le fonds non coté moyen affiche une valeur ajoutée positive, le fonds médian (un chiffre statistique plus représentatif) n’en a pas.
Les fonds de couverture les plus performants ont-ils tendance à répéter leur surperformance au cours des périodes suivantes? La persistance est un indicateur clé pour déterminer si les meilleurs gestionnaires de fonds de couverture surperforment grâce à la chance ou à leur talent. Malheureusement, à une exception notable près, la plupart des études constatent une persistance significative des fonds de couverture sur de courtes périodes, mais pas à plus long terme.
Baquero et al. (2005) ont signalé une persistance positive des rendements trimestriels des fonds de couverture après correction du style d’investissement, mais une persistance annuelle faiblement significative. Kosowski et al. (2007) ont également constaté que les meilleurs fonds de couverture persistaient à des horizons annuels. Agarwal et al. (2009) ont constaté une persistance maximale à l’horizon trimestriel, indiquant que la persistance parmi les gestionnaires de fonds de couverture est de courte durée. Sun et al. (2018) ont rapporté des preuves que la performance des fonds de couverture est persistante après des marchés de fonds de couverture faibles, mais n’est pas persistante après des marchés forts. Aiken et Kang (2023) ont trouvé des preuves faibles que les gestionnaires font preuve de persistance dans leurs compétences de sélection de titres.
Dans une étude remarquable, Barth et al. (2023) ont constaté que, contrairement aux fonds répertoriés dans une base de données commerciale, une persistance significative existait sur tous les horizons parmi les fonds de couverture non répertoriés de 2013 à 2019, ce qui laisse espérer que l’on peut prédire une surperformance des fonds de couverture.
Dans l’ensemble, les recherches suggèrent que les compétences et l’alpha sont rares et difficiles à obtenir sur le marché des fonds de couverture, en particulier parmi ceux répertoriés dans les bases de données commerciales. En outre, la plupart des études indiquent que les fonds les plus performants ne parviennent pas à répéter leurs exploits de manière durable. Cependant, les investisseurs qui envisagent de s’intéresser aux fonds de couverture doivent veiller à ne pas négliger les fonds non répertoriés.
Notre prochain article traitera des risques et des propriétés de diversification des fonds de couverture.