Nous venons de vivre l’un des mois les plus difficiles pour les investisseurs. Ce qui est le plus éprouvant n’est pas de subir des pertes, mais de ne pas savoir ce qui viendra ensuite. Nous sommes témoins d’un gel de l’économie mondiale causé par une pandémie, une situation franchement surréaliste. Cependant, les marchés baissiers et les dommages qu’ils causent aux portefeuilles font partie de la vie des investisseurs.
Nous devrons tous affronter plusieurs cycles boursiers au cours de notre vie d’investisseur afin d’obtenir des rendements à long terme raisonnables. On ne peut pas connaître de succès boursier sans endurer de pénibles périodes de recul. Prenons donc quelques minutes ensemble pour remettre les choses en perspective.
Les actions mondiales ont livré des rendements positifs la plupart des années entre 2009 et 2019, tel qu’illustré dans le graphique 1 ci-dessous.
Tous les marchés régionaux ont toutefois subi des déclins au premier trimestre de 2020. Comme il est indiqué au tableau 1 ci-dessous, les rendements depuis le début de l’année se sont établis entre -12 % (États-Unis) et -21 % (Canada). Ces chiffres sont très négatifs, mais ils ne donnent pas la pleine mesure du plongeon qu’ont subi les valeurs, une partie des pertes ayant été effacée par un redressement de fin de mois. Au 23 mars, les marchés canadien, américain, internationaux et émergents ont enregistré des reculs s’échelonnant entre -22 % et -34 %.
La dernière colonne nous indique jusqu’où nous devons reculer pour revoir les niveaux actuels. Par exemple, les actions canadiennes ont perdu toute l’appréciation observée depuis mars 2016, soit il y a quatre ans.
Déclin annuel à ce jour au 31 mars 2020 | Creux annuel à ce jour (23 mars) | Dernière fois que le marché s’est trouvé au niveau actuel | |
Actions canadiennes | -21,6 % | -34,2 % | Mars 2016 |
Actions américaines en $ CA | -12,0 % | -22,6 % | Février 2019 |
Actions internationales en $ CA | -17,2 % | -25,7 % | Novembre 2016 |
Actions des pays émergents en $ CA | -18,0 % | -24,0 % | Janvier 2017 |
Oui.
Tout d’abord, malgré un bref plongeon des FNB d’obligations causé par un étranglement du crédit, ces derniers ont essentiellement recouvré leur valeur. Détenir des obligations dans un portefeuille – de préférence par l’intermédiaire de FNB et de fonds communs d’obligations – est la plus importante ligne de défense pour limiter les pertes lors de krachs boursiers. Ces fonds ont fait un excellent travail jusqu’à présent.
Ensuite, la plupart des Bourses étrangères ont surpassé le marché canadien et, par conséquent, la diversification internationale des actions a fonctionné comme prévu.
Et finalement, la diversification internationale a produit un effet secondaire positif, alors que le dollar américain, l’euro et d’autres devises majeures de sont appréciés par rapport au dollar canadien, ce qui a aussi réduit l’impact du déclin des valeurs boursières.
Rappelons-nous que la diversification n’élimine pas le risque de portefeuille, elle permet plutôt de le gérer. Dans la crise actuelle, si je devais noter le succès obtenu par la diversification, elle obtiendrait A+.
Le marché baissier de 2020 dure depuis seulement deux mois. Comme en fait foi le tableau 2 ci-dessous, le marché baissier le plus court des cinquante dernières années (automne 1987) a duré trois mois. Toutefois, le krach actuel est profondément ancré dans l’économie réelle. Je ne suis pas prophète, mais les investisseurs doivent s’attendre à ce que le marché baissier se prolonge. Pourquoi alors conserver votre plan d’investissement? Parce que les marchés baissiers sont normalement suivis d’un redressement et que la tendance générale des Bourses est de produire un rendement positif à long terme.
Début |
Fin |
Durée (mois) | Contexte |
Rendement cumulé |
Janvier 1970 |
Juin 1970 |
6 |
Récession cyclique |
-22 % |
Avril 1973 |
Septembre 1974 |
18 |
Embargo pétrolier |
-41 % |
Septembre 1987 |
Novembre 1987 |
3 |
Krach boursier de 1987 |
-21 % |
Janvier 1990 |
Septembre 1990 |
9 |
Crise des caisses d’épargne américaines |
-24 % |
Mars 2000 |
Septembre 2002 |
30 |
Éclatement – bulle des .com |
-41 % |
Novembre 2007 |
Février 2009 |
16 |
Crise financière 2008 |
-38 % |
Février 2020 |
? |
2 |
Crise du coronavirus |
-15 % |