Fév 27, 2025

Les risques et la diversification proposés par les fonds de couverture

Le marketing des fonds de couverture repose principalement sur la promesse de rendements élevés et d’une faible corrélation avec les actions et/ou les obligations. Les investisseurs doivent donc comprendre les risques liés à ces produits et leurs avantages en termes de diversification.

 

Risques liés aux fonds de couverture

En raison de l’utilisation autorisée de l’effet de levier, de la vente à découvert et des stratégies de produits dérivés, certains fonds de couverture sont très volatils. Leur structure tarifaire asymétrique incite également à adopter des stratégies d’investissement aux résultats biaisés négativement et à forte kurtosis. En d’autres termes, de nombreux fonds de couverture ont tendance à générer des bénéfices réguliers modestes – possiblement pour générer des commissions de performance – au prix de pertes importantes occasionnelles.

Les fonds de couverture qui utilisent l’effet de levier supportent également un risque de financement, qui se matérialise lorsque le prêteur principal du fonds cesse de financer, obligeant le fonds à trouver un autre prêteur ou à liquider des actifs pour rembourser sa dette. Les investisseurs doivent accorder une attention particulière au risque de financement, car Barth et al. (2023) rapportent que près de la moitié des actifs des fonds de couverture sont financés par la dette.

Le risque de liquidité est également important; il se matérialise lorsque trop d’investisseurs ordonnent le rachat de leurs parts simultanément. Ce risque est particulièrement grave pour les fonds de couverture détenant des actifs relativement illiquides. Dans un scénario de rachat élevé, le fonds peut être amené à vendre en premier ses actifs les plus liquides et de la plus haute qualité, laissant les investisseurs restants avec un portefeuille de moindre valeur, ce qui entraîne davantage de rachats. Dans un autre scénario, le gestionnaire peut suspendre les rachats pour éviter une spirale de liquidation. Les fonds de couverture réduisent souvent le risque de liquidité en imposant une période de blocage initiale. Bien que de telles restrictions entravent la capacité des investisseurs à disposer de leur investissement à leur guise, Aiken et al. (2020) suggèrent que les fonds de couverture présentant une période de blocage ont tendance à surperformer en raison de leur exposition plus élevée aux anomalies dans les prix des actions.

 

Propriétés de diversification

Les recherches reconnaissent généralement que les fonds de couverture présentent des avantages modestes en termes de diversification. Amin et Kat (2009) ont constaté que sept des 12 indices de fonds de couverture examinés et 58 des 72 fonds individuels classés comme inefficaces de manière autonome peuvent produire un profil de rendement efficace lorsqu’ils sont combinés avec l’indice S&P 500. Kang et al. (2010) ont constaté que plus l’horizon d’investissement est long, plus les avantages de diversification des fonds de couverture sont importants.

Titman et Tiu (2011) ont étudié un échantillon exhaustif de fonds de couverture à partir de six bases de données et ont conclu que les fonds à faible R-carré présentent des ratios de Sharpe, des ratios d’information et des alphas plus élevés que leurs concurrents. Autrement dit, les fonds de couverture à faible corrélation ont tendance à offrir des rendements ajustés au risque plus élevés. Bollen (2013) a également examiné les fonds de couverture à faible R-carré et est arrivé à une conclusion différente. Il a construit de grands portefeuilles avec plusieurs fonds de couverture à R-carré nul. Il a constaté que ces portefeuilles ont jusqu’à la moitié de la volatilité des autres fonds de couverture, ce qui suggère que les fonds de couverture à R carré nul, malgré les apparences, pourraient présenter un risque systématique substantiel. De plus, l’auteur constate que la faible propriété R-carré augmente la probabilité de faillite du fonds.

Brown (2016) affirme que les fonds de couverture sont des diversificateurs légitimes, mais qu’investir dans ce type de produit sans une revue de diligence opérationnelle approfondie est carrément dangereux. Newton et al. (2019) ont examiné 5 500 fonds de couverture nord-américains suivant 11 stratégies distinctes de 1995 à 2014. Ils rapportent que six stratégies « offrent des avantages de diversification significatifs et cohérents aux investisseurs, quel que soit leur niveau d’aversion au risque ». Quatre stratégies offrent des avantages plus modérés, et une seule stratégie n’améliore pas la diversification du portefeuille. Il est intéressant de noter que leur mesure des avantages de la diversification tient compte de l’asymétrie et de la kurtosis. Enfin, Bollen et al. (2021) ont constaté que malgré une forte baisse de leur performance depuis 2008, une allocation de 20 % aux fonds de couverture réduit quand même la volatilité du portefeuille sans toutefois améliorer les ratios de Sharpe. Ils concluent qu’une allocation modeste aux fonds de couverture peut être justifiée pour les investisseurs ayant une faible tolérance au risque en raison de leurs avantages de diversification fiables.

 

Au-delà des mesures de risque traditionnelles

Les recherches montrent que les fonds de couverture peuvent aider à diversifier les portefeuilles. Cependant, les investisseurs ne doivent pas trop simplifier la question. Tout d’abord, les mesures de risque traditionnelles, comme l’écart type et la corrélation, sont incomplètes. L’asymétrie et la kurtosis doivent être mesurées ou estimées d’une manière ou d’une autre. Les produits avec un faible écart type historique peuvent masquer la possibilité de pertes extrêmes occasionnelles ou d’un rendement espéré négatif. Les investisseurs doivent bien comprendre la stratégie d’investissement du fonds et la manière dont il peut se comporter lors de circonstances défavorables. Les investisseurs doivent également réfléchir à ce que signifie le risque dans leur situation particulière. Sacrifier trop de rendement espéré au profit de la diversification pourrait nuire à la santé financière à long terme.

Le prochain – et dernier – article de cette série examinera pourquoi je ne recommande pas les fonds de couverture.

À propos de l'auteur(e)
Raymond Kerzérho
Raymond Kerzérho

Raymond apporte à PWL ses trente années d’expérience en stratégie d’investissement et en gestion de portefeuille de titres à revenu fixe.

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